Chien, belle complicité

Histoires de Chiens

Une si belle complicité !

Où? Rive bleue
Quand? Une belle fin d’après-midi estivale
Qui? Lewis et les enfants

Passant régulièrement des moments de détente sur mon voilier, avec mon chien, Lewis, nous avons l’habitude de nager dans le lac.

Belle complicité-cours chiot-Monthey-Martigny

Ce jour, il faisait très chaud et je propose à Lewis une séance de baignade. Objectif: rejoindre Rive bleue à la nage et retour. Le trajet n’est que de 300 mètres.

On y va! Ah oui, il faut préciser que Lewis met dix minutes à se tremper, ongle par ongle, coussinet par coussinet, comme une vieille gâteuse, frileuse et délicate. Une fois, mouillé, c’est bon, il peut nager des heures sans se fatiguer.
C’est parti.

Nous traversons le canal où l’eau est plus froide,

passons le cap aux mouettes et autres volatiles, jouissons de l’eau azur et arrivons à proximité de la plage.

Connaissant la condition physique extraordinaire de Lewis, je le laisse néanmoins « prendre patte » au coin de la plage, juste pour souffler. Nous vivons un accueil chaleureux ... de la part des enfants qui admirent le courageux nageur, venu du lac:

  • Ô qu’il est beau, le petit chien!

Avec 25 cm d’eau, Lewis pose « patte », hume l’air pour détecter une éventuelle odeur de barbecue. Rien ne parvient à ses narines, les lotions solaires n’étant pas faites pour stimuler les glandes olfactives canines.

Toujours sans me lâcher des yeux, Lewis inspecte rapidement l’horizon: pas une friandise à portée de museau. Tant qu’à faire, il joue la star, se laisse admirer, féliciter, mais toujours sur le qui-vive pour reprendre le large. C’est alors que l’alarme est déclenchée.

Un enfant:

  • Maman, t’as vu, le petit chien qui arrive du lac? Tu crois qu’il veut jouer avec nous?

La maman:

  • Ah oui, je vois. Quelle horreur! C’est un scandale! GARDIEN! GARDIEN!

Une autre maman:

  • Il est à qui ce chien? Il vient d’où? C’est inadmissible! GARDIEN! AU SECOURS!

Tellement médusée par le scénario - toujours à quelque 4 m de Lewis, j’observe la suite des opérations. Un premier gardien arrive en courant. Entre-temps cinq mamans hurlent à la mort... et une dizaine de bambins parlent à Lewis, dans leur si merveilleux langage, lui demandent son nom, d’où il vient, comment il a appris à nager.
Je suis tellement émue: le petit chien (pas si petit que cela, 30 kg quand même) tiraillé entre son instinct de goinfrerie, l’appel au jeu des enfants et la peur de perdre de vue sa maîtresse. Médusée, je ne bouge pas, je veux observer ce scénario jusqu’au bout.

Une minute plus tard, arrive un des gardiens avec une corde d’amarrage. Je la vois encore, cette corde, elle était bleue et blanche et faisait un diamètre de 10 centimètres. De quoi amarrer un navire de la CGN.
Là, je me dis que le cinéma Rive bleue a assez duré, que Lewis a repris son souffle, qu’il s’est assez pavané devant les enfants ... et qu’il était temps de rentrer au port pour le souper. Un petit clin d’œil complice à Lewis, avec l’imperceptible mouvement de tête à droite, et hop, je m’immerge et commence à nager ... direction Souper.

Lewis, en une fraction de seconde, oublie barbecue imaginaire, jeu avec les enfants, met le gouvernail à droite et reprend ses lents pédalages placides direction port. Il s’est souvenu que sa gamelle est sur le bateau, et que c’est bien l’heure du souper.
Alors, j’ai nagé sur le dos un moment, juste pour observer la fin de l’exercice Catastrophe de Rive bleue. Les gardiens courraient dans tous les sens avec la grosse corde d’amarrage, les mamans protégeaient leur progéniture ... mais il y avait les tout petits, ceux qui étaient à la même hauteur que Lewis, ils s’écriaient:

  • Adieu petit chien, petit chien mignon, nage bien, ... adieu ...

Là, j’ai raté une vague et j’ai bu la tasse. Lewis, lui, imperturbable nageait comme d’habitude, ... direction Souper.

Merci, les enfants, j’espère qu’entre-temps vous avez tous appris à nager, comme Lewis!
Merci, les mamans, j’espère que vous avez écouté vos enfants, qui, eux, aiment les animaux!
Merci, les gardiens, j’espère que le ridicule ne tue pas!