La coloration d’un chien suscite l’incompréhension

La coloration d’un chien porte atteinte à la dignité de l’animal

À Zurich, une lectrice a récemment croisé un chien avec la queue et les oreilles teintes. Rare en Suisse, cette pratique pose des questions sur le respect de la dignité animale.
Une lectrice se promenait dernièrement à Zurich lorsqu’elle a croisé un chien avec les oreilles et la queue teintes en bleu, turquoise et violet. Indignée, elle estime que «c’est de la cruauté envers les animaux». Faire colorer la fourrure de son compagnon à quatre pattes resterait un phénomène rare en Suisse, et la plupart des salons de toilettage s’opposent à cette pratique.
Deux propriétaires de salons zurichois déclarent être contre les teintures. «Cela ne fait pas partie des soins à apporter à un chien. En plus, cela peut être nocif et provoquer des allergies chez les animaux», déclare l’une d’elles. «Nous ne recevons pas de telles demandes», souligne sa consœur, du même avis.

Tendance à l’étranger

Mal vues en Suisse, les colorations pour chiens sont à la mode depuis longtemps dans d’autres pays. «En Thaïlande et aux États-Unis, la coloration du pelage des chiens est une tendance depuis vingt ans. En Allemagne aussi, de plus en plus de salons proposent ce soin», explique la propriétaire d’un salon de toilettage bernois. À noter que là-bas, le traitement est majoritairement effectué avec des colorants alimentaires ou de la craie.

La coloration d’un chien peut porter atteinte à la dignité de l’animal

Les risques pour la santé des chiens préoccupent aussi la Protection suisse des animaux. «Teindre son animal peut l’exposer à des risques massifs pour sa santé. La plupart des teintures ne sont pas conçues pour être utilisées sur les animaux et peuvent provoquer des brûlures par acide de la peau et des yeux», détaille Simon Hubacher, porte-parole. Le chien court aussi un risque d’intoxication s’il lèche la partie teinte. Simon Hubacher estime également que de tels traitements sont discutables d’un point de vue éthique.

«La coloration d’un chien porte atteinte à la dignité de l’animal et enfreint donc, selon nous, la loi sur la protection des animaux», explique-t-il.

L’avocate Diana Follpracht confirme que la teinture de la fourrure peut, selon l’interprétation, être perçue comme une infraction à la loi sur la protection des animaux en tant que non-respect de la dignité animale. Mais dans la pratique, elle constate que les condamnations sont plutôt rares. «La loi est formulée de manière très ouverte en ce qui concerne la dignité de l’animal. C’est au juge de décider si une coloration de la fourrure constitue, dans un cas concret, une «atteinte profonde à l’apparence» de l’animal et porte ainsi atteinte à sa dignité. Le juge dispose donc d’une grande marge d’appréciation», résume-t-elle.

Pas seulement des chiens

En 2016, un agriculteur saint-gallois avait vu ses vaches être teintes par des amis à l’occasion de son mariage. En février 2018, un pigeon rose avait intriqué les Veveysans. Le surveillant de la faune pour la région Lausanne-Vevey avait déclaré qu’il s’agissait peut-être d’une mauvaise idée de Saint-Valentin.

Et même à l’international: en 2012, un artiste vaudois avait fait voler des pigeons teints dans le ciel de Venise lors de la 13e Biennale d’architecture.