Lac de la Brèche : Les chiens seront-ils interdits de baignade?

Futur transfert des baigneurs au lac de la Corne:

Actuellement c’est trop sympa de se baigner avec les chiens … qu’en sera-t-il à l’avenir, la cohabitation baigneurs-ennemis des chiens ET baigneurs-amis des chiens sera-t-elle sans insultes?
Tout le monde cautionne les trempettes dans le populaire point d’eau de Granges. Pourtant, la baignade n'y est pas formellement autorisée et une convention prévoit le transfert des nageurs au lac de la Corne depuis plusieurs années déjà.

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Ses amoureux y voient un remède à la canicule

Un espace de liberté en pleine nature. L'un des derniers endroits où les chiens sont les bienvenus. Depuis une quarantaine d'années à Granges, le lac de la Brèche fait le bonheur des flâneurs en quête de fraîcheur.
Durant tout l'été, les berges du point d'eau sierrois sont prises d'assaut par les indigènes et les touristes.
Malgré son succès incontestable, la baignade dans ce lac artificiel ne devrait pas couler de source. Propriétaire de la gouille, la bourgeoisie de Sierre n'a jamais autorisé les trempettes dans ses eaux transparentes.
Elle devrait sinon engager un garde-bain pour limiter sa responsabilité en cas d'accident.

Baignade pas autorisée, mais tolérée

Dans les faits pourtant. la bourgeoisie n'interdit de loin pas les plongeons. Pour son président Cédric Pugin, c'est une question de proportionnalité: "On ne va tout de même pas engager quelqu'un pour empêcher les gens de sauter dans l'eau. Notre but n'est pas non plus de barricader une zone chérie par de nombreux promeneurs et cyclistes." Symbole de ce laissé faire assumé, aucun panneau d'interdiction n'est visible sur le site. Les habitués de la Brèche étaient pourtant censés déserter le secteur depuis un certain temps déjà. En 2006. les partisans de l'extension du Golf de Sierre avaient élaboré un compromis pour que les Sierrois acceptent l'agrandissement du green de neuf à dix-huit trous.

Granges: Lac de la Brèche

 

Une convention signée avec les milieux écologistes prévoyait de dédier la gouille à la nature. En parallèle. les nageurs seraient transférés au lac de la Come sur le territoire de Grône, où la gravière présente s'engageait à quitter les lieux d'ici 2021.

Écologistes compréhensifs

Douze ans plus tard. les baigneurs se comptent toujours par dizaines au lac de la Brèche. Sans que personne ne s'en émeuve, pas même les écolos. «ll est un fait que la Brèche devrait être dédiée à la nature. En même temps, on comprend le besoin légitime de la population pour ce point d'eau, convient Marie Thérèse Sangra, secrétaire régionale du WWF.»

Toujours pas de restaurant à la Corne

Chargé d'affaires de Pro Natura, Thierry Largey se montre lui aussi compréhensif: «Ce n'est pas gravissime que des personnes nagent à la Brèche. Elles n'empêchent pas la nature de se développer.» L'écologiste insiste: «Il serait illusoire de vouloir y empêcher toute activité humaine. Surtout tant que la plage de la Corne n'est pas plus conviviale.»

Car si la Ville de Sierre voit dans la Corne un espace de détente acceptable, plusieurs irréductibles de la Brèche pointent du doigt le manque d'attractivité du premier lac. Plus petit que son voisin, il est surplombé par un vilain pylône métallique. Alors que la gravière a déménagé, des tas de sable gisent encore à deux pas de la plage. A la place du restaurant souvent évoqué, les baigneurs doivent se contenter d'une petite buvette.

Directeur de la gravière Solioz & Merkli, Jean-Michel Solioz réagit: «Les derniers tas de sable auront disparu fin 2019, soit avant la date butoir. L'idée d'un restaurant reste dans l'air, mais aucun agenda n'a été arrêté.» Cet été, les baignades au lac de la Brèche ne vivent pas leurs derniers jours.

Est-ce légal de se baigner dans une zone protégée?

Les berges du lac de la Brèche sont définies par le plan d'aménagement détaillé (PAO) comme une zone de protection de la nature et du paysage, et non comme une zone de détente ou de baignade.

"Dans cette zone, le règlement du PAO ne tolère aucune atteinte aux milieux naturels et aux éléments paysagers. Mais ce sont les activités annexes à la baignade telles que le délassement sur les rives qui posent problème", observe Yann Clavien, chef de la section nature et paysage au Service cantonal des forêts, des cours d'eau et du paysage. Mais la cohabitation est actuellement tolérée."

Granges: au lac de la Brèche, on nage en plein paradoxe Par Romain Carrupt
Sources : images et texte Journal papier Le Nouvelliste du 22-08-2018